Il
devient notamment le disciple du maître Takeda Sokaku
(1858-1943) fondateur de l'école Daitô d'Aïki
Jutsu.Takoda a également pour disciple Ueshiba
Morihei (1883-1969) le futur fondateur de l'Aïkido.En
1946, Choi est de retour en Corée, il commence alors
à élaborer un style personnel,synthèse
de Jû Jutsu, d'Aïki Jutsu et de diverses méthodes
coréennes. En 1948, prenant modèle sur son ancien
condisciple Ueshiba Morihei, Choi Young Shul donne à
sa méthode le nom définitif de Hap-Ki-Do, la voie
des énergies unifiées.
En France l'Hapkido fait son apparition dans les années
70, en même temps que le Taekwondo (Karaté coréen).En
1999, l'Hapkido s'associe à la F.F.T.D.A.,
fédération française de Taekwondo et disciplines
associées.
Voici
maintenant une très bonne interview de Maître Bok-Sup-Suh
parue dans Karaté Bushido d'octobre 2000.
Le
maître Yong Sul Choi (décédé
en 1986) étudia les arts martiaux au Japon avant de rentrer
dans sa Corée natale pour y fonder l'Hapkido.
Le début d'une grande aventure commençait, mais
tout ne fut pas facile...
Maitre Bok-Sup Suh fut la première ceinture noire
du fondateur de l'Hapkido, maître Yong Sul Choi. Dans
cet entretien exclusif accordé à Serge Baubil,
il dévoile une partie méconnue de l'histoire de
l'Hapkido.
Karaté
Bushido : Dans l'histoire du Hapkido que nous pouvons lire à
travers de nombreux livres, c'est vous qui avez donné
un emploi dans votre entreprise à maître Choi à
son retour du Japon. Vous étiez, à l'époque,
ceinture noire de judo et aviez été surpris par
l'habileté de maître Choi à la suite d'une
bagarre. Vous lui aviez demandé de devenir son élève.
Pouvez-vous nous dire exactement comment cela s'est déroulé
?
Professeur Suh:
Vers la fin des années 40, j'étais propriétaire
d'une brasserie dans laquelle nous produisions du vin coréen
ainsi que du Brandy américain. C'était une époque
économiquement très difficile pour les Coréens.
Tous les matins, des gens faisaient la queue en ligne droite
devant ma brasserie pour obtenir des restes de grains que nous
disposions comme ordures. Un matin, de l'étage supérieur
de la brasserie, j'entendis du bruit et une dispute à
l'extérieur. Je vis des gens qui se bousculaient. Parmi
eux se trouvait un homme qui avait pris une position de combat
comme je n'en avais jamais vu auparavant. Il ne s'était
pas battu. Personne ne l'avait attaqué. Les gens le regardaient
et immédiatement la bousculade s'est terminée.
Je suis sorti le rencontrer. Je lui ai demandé de venir
à l'intérieur de la brasserie pour lui parler.
Rendu à l'intérieur, je lui ai demandé
: " Quel art martial pratiquez-vous ? ". Choi me répondit:
" Pourquoi voulez-vous le savoir ? ". Je lui ai répondu
: " Je suis ceinture noire premier dan de judo et je pratique
aussi la boxe et d'autres méthodes de combat et j'aimerais
apprendre de vous". Choi répondit: " Avec votre
judo, pourquoi n'essayez-vous pas de me
projeter ? ". J'ai accepté et nous nous sommes déplacés
dans une salle adjacente où nous entreposions des bouteilles.
Choi me dit: " Essaie de me projeter ".
Étant le patron et le fait que j'étais plus jeune
que lui, ce n'était pas les meilleures conditions pour
le projeter. J'ai retiré ma blouse de travail et j'ai
seulement saisi le revers de sa chemise. Immédiatement,
il appliqua une clé de poignet. J'avais été
respectueux en le saisissant seulement, sans le projeter, mais
lui, il appliqua une force terrible.
Pour ne pas perdre la face devant mes employés, je décidai
de vraiment le projeter. Aussitôt saisi, Choi appliqua
une autre clé sur moi. Je lui ai demandé : "
Quel art martial pratiquez-vous ? ". Choi répondit:
" c'est du Yawara ". " Que faites vous dans la
vie ? ". Il répondit: " Je vends du pain dans
la rue. Je viens ici le matin pour ramasser du grain pour nourrir
mes porcs ".
Je lui ai demandé s'il avait enseigné son art
à d'autres Coréens. Il me répondit que
non. À la question où avait-il apprit cet art,
il me dit qu'il avait l'étudié au Japon et que
celui-ci n'était enseigné uniquement que dans
la cour impériale japonaise. A l'origine, dit-il, cet
art était pratiqué durant la dynastie Silla en
Corée. Je lui ai proposé un marché secret
: " Je vais subvenir à tous vos besoins, mais vous
n'enseignerez qu'à moi ". Pendant deux années,
j'ai pratiqué avec lui tous les jours.
K.B.:
Comment s'est diffusé cet art martial ?
Pr. Suh:
En 1954, mon père se présenta comme candidat à
l'Assemblée Nationale. Le parti au pouvoir utilisait
des fiers à bras et, pour intimider mon père,
un gaillard fut envoyé pour me tabasser. Il me saisit.
Par crainte de représailles, je ne lui ai pas cassé
le poignet. Je me suis penché et je lui ai donné
un coup de pied latéral. Le fier à bras revint,
accompagné de son frère, qui était un boxeur
de renom. Au premier coup de poing, je me suis penché
et j'ai esquivé le coup pour ensuite lui appliquer une
clé de bras. Le boxeur tenta de me projeter mais n'a
pu le faire. Je lui ai asséné un coup de tête
et par la suite, je n'ai plus eu de problème avec ces
types. Mon père gagna son siège à l'Assemblée
Nationale, Après ces altercations avec ces fiers à
bras, des gens commencèrent à m'appeler "
grand Frère ". Petit à petit, Choi et moi
devînmes connus. On nous demanda de faire une démonstration
à la ville de Taegu, la 3ème ville de Corée,
dans la cour de justice où l'on avait placé un
tapis sur le plancher. Il y avait des juges et des procureurs
présents. Après la démonstration, ils nous
demandèrent de diffuser cet art. Une deuxième
démonstration fut donnée à l'université
de Young Nam. Maître Choi parlait peu et démontrait
peu de techniques. C'est, surtout moi qui parlais et faisais
les démonstrations. Avant de commencer la démonstration,
je demandai s'il y avait dans la foule des volontaires qui voulaient
tenter de nous projeter. Nous fûmes ravis que le capitaine
de Judo accepte. Au moment de sa saisie, je lui ai appliqué
une clé de poignet. Il tenta la même chose sur
maître Choi et aussitôt lui aussi lui appliqua une
clé de poignet. Le capitaine de Judo devint furieux et
il attaqua plusieurs fois Maître Choi avec à chaque
fois plus de puissance. En utilisant l'énergie de son
attaquant, Maître Choi faisait virevolter celui-ci dans
toutes les directions.
K.B. : Lorsque vous donniez des démonstrations,
comment appeliez-vous cet art ?
Pr. Suh :
Hapki Yu Kwon Sul. Lors d'une de nos démonstrations,
un professeur japonais a vu cet art et nous a dit : " votre
art se nomme Aikido au Japon ". Choi a spécifié
en disant : " Cela est du Yawara". Choi l'écrivit
en japonais et le professeur japonais répondit: "
En langue japonaise, cela veut dire Aikido ".
K.B
: Dans l'art que vous avez appris de Maître Choi, quelle
place avaient les coups de pieds ?
Pr. Suh :
Il y avait très peu de coups de pied à l'époque.
C'est plus tard que les Maîtres Ji Han Jae et Kim
Moo Wong incorporèrent les coups de pied et ce fut
Ji Han Jae qui a changé le nom de Hapki Yukwonsul
pour Hapkido
K.B.:
Est-ce que maître Choi vous a dit comment et combien de
temps avait-il été l'élève de Sokaku
Takeda ?
Pr. Suh :
non, ce que je sais c'est qu'en arrivant au Japon, il se retrouva
dans un temple bouddhiste et que plus tard il se retrouva dans
la maison de Takeda Sokaku, mais il n'a jamais certifié
qu'il fut l'élève de Takeda. Aujourd'hui les gens
ignorent la vraie histoire du Hapkido; Par exemple, savent-ils
que, dans le véritable arbre généalogique
du Hapkido, je suis directement après le maître
Choi Yong Sul et devant maître Ji Han Jae et autres ?
Sans oublier que c'est moi qui ai ouvert les deux premiers dojangs
en Corée.
Texte de Serge Baubil. Article publié dans Karaté
Bushido en octobre 2000. Vous pouvez commander ce numéros
de K.B. en cliquant
ici.
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